Contexte réglementaire

L'avortement est légal au Canada et personne n’a besoin du consentement de son partenaire ou d’un parent pour avorter. Il s'agit du deuxième service de santé reproductive le plus répandu au Canada: le tiers des personnes ayant la capacité d’être enceinte auront recours à un avortement au cours de leur vie.[1,2].

L'avortement par médicaments utilise des pilules médicamenteuses pour mettre fin à une grossesse. Au Canada, les pilules abortives sont commercialisées et vendues sous le nom de Mifegymiso.

  • Le mifegymiso est approuvé par Santé Canada pour l’âge gestationnel jusqu'à 63 jours, mais La SOGC a démontré qu'il est sécuritaire et efficace jusqu'à 70 jours.
  • Il est fourni gratuitement à toutes les personnes bénéficiant d'une assurance maladie provinciale et de plusieurs catégories d'assurance maladie fédérale.
  • Les personnes admissibles aux soins de santé dans une province qui tentent d'accéder au Mifegymiso dans une autre province ou territoire sont admissibles au counseling, aux évaluations et au suivi, mais pas au médicament lui-même.
  • Il peut être prescrit lors de visites en personne ou virtuelles, ou d'une combinaison des deux.

Champ de pratique: Au moment de rédiger ces lignes, les médecins et les infirmières praticiennes spécialisées au Canada sont autorisées à prescrire le Mifegymiso. Dans la plupart des cas, les pharmaciens sont responsables de la délivrance des médicaments, mais certaines cliniques sont également autorisées à les fournir directement. À l'exception du Québec, les sages-femmes ne sont actuellement pas autorisées à prescrire du Mifegymiso, mais elles peuvent fournir des soins d'avortement par médicaments en étroite collaboration avec des infirmières praticiennes spécialisées ou des médecins.

Exigences spécifiques à la province: Les professionnels de la santé devraient vérifier les lignes directrices spécifiques et le champs d’exercise de leur province ou territoire. Par exemple, les exigences des provinces peuvent différer quant à savoir qui peut récupérer le médicament et si les pharmaciens doivent s'inscrire auprès de Celopharma, le fabricant du Mifegymiso. Cliquez ici pour voir le résumé de certains règlements spécifiques à la province pour la distribution du Mifegymiso.

Exigence de formation: Il n'est plus nécessaire de suivre une formation avant de prescrire ou de délivrer le Mifegymiso, mais les professionnels de la santé peuvent trouver utiles les cours en ligne ci-dessous pour en savoir plus sur les soins d'avortement par médicaments.

Configuration des installations

Voici un guide général des étapes à suivre pour initier les services d'avortement par médicaments (AM) dans votre pharmacie. Certaines de ces étapes peuvent ne pas s'appliquer et d'autres considérations non répertoriées ci-dessous peuvent être nécessaires, en fonction de votre pharmacie.

  • Examiner les monographies de produit et les protocoles de délivrance de Mifégymiso.
  • Consulter les directives cliniques pour prescrire l'avortement par médicaments au besoin.
  • Se familiariser avec les règlements de votre ordre des pharmaciens provincial. Ce résumé contient certains règlements spécifiques aux provinces, mais pas tous.
  • Préparer votre propre protocole et inviter d'autres membres du personnel à l'examiner et à fournir les commentaires.
  • Se familiariser avec les régimes d'assurance provinciaux et la couverture de Mifégymiso.
  • Explorer la volonté de délivrer le Mifégymiso parmi tout le personnel, y compris les assistants en pharmacie, les techniciens et les administrateurs de pharmacie, répondre à leurs préoccupations et à leurs possibles perceptions négatives, et déterminer la meilleure façon de lancer des services d'avortement dans votre pharmacie.
  • Examiner le personnel actuel de la pharmacie pour déterminer la capacité à fournir un AM.
  • Déterminer une personne ou une équipe clé qui aura la responsabilité principale des personnes ayant subi un AM.
  • Développer, imprimer et distribuer des affiches pour faire savoir aux clients et aux autres professionnels de la santé que vous distribuez Mifégymiso.

Adapté de la Checklist for starting medical abortion services de la Fédération Nationale de l'Avortement.

Répondre aux préoccupations liées à l’avortement

La liste ci-dessous suggère des façons de répondre à l'opposition et aux préoccupations concernant l'avortement par médicaments (AM) parmi votre personnel et vos collègues, ce qui facilitera l'intégration harmonieuse des services d'AM dans vos pratiques[4].

  1. Tout d’abord, identifier les professionnels de la santé, les administrateurs et le personnel de soutien au sein de votre environnement, qui sont intéressés et engagés à fournir des services d’avortement.
  2. Initier des discussions informelles avec vos collègues sur l'offre de services.
  3. Envisager de mener une enquête anonyme auprès du personnel et des clients pour avoir une idée de leurs opinions et de leurs sentiments à l'égard de l'AM.
  4. Envisager d’organiser un atelier pour clarifier les valeurs sur l'avortement, aborder l'opposition ou l'inconfort et déterminer les moyens de travailler ensemble pour fournir l'AM. Un atelier de clarification des valeurs liées à l’avortement peut être adapté en utilisant:
  5. Envisager de créer un comité de planification pour discuter des objectifs, des tâches, des échéanciers, des obstacles et des solutions.
  6. Se renseigner sur d'autres centres de santé ou professionnels de la santé locaux qui ont intégré avec succès les services d'avortement dans leur pratique. Les inviter à des réunions, des ateliers et des séances de planification, ou solliciter leurs commentaires et conseils sur votre processus.
  7. Élaborer un protocole pour les membres du personnel qui se sentent incapables de participer aux soins d'avortement.
  8. Lors des entrevues d’embauche, discuter de l’avortement. Indiquer dans l'offre d'emploi que le candidat doit être ouvert à tous les aspects des soins reproductifs, y compris l’avortement.

Personnes 2ELGBTQIA+

Voici quelques suggestions pour aider les cliniciens à créer un environnement inclusif qui répond aux besoins des personnes 2ELGBTQIA+. Ces suggestions ne sont pas exhaustives et il est recommandé aux professionnels de la santé de consulter d'autres manuels et opportunités de formation en compétence culturelle pour fournir des soins inclusifs.

Ces suggestions ont été reproduites à partir de Gender Inclusive Language de Trans Care BC, The Trans-inclusive Abortion Servicesdu SHORE Centre et la Fédération du Québec pour le planning des naissances, et du Handbook for Healthcare Providers Working with Clients from Diverse Communities d’Action Canada pour la santé et les droits sexuels. Pour plus d'informations sur les mythes concernant la reproduction des personnes 2ELGBTQIA+, le vocabulaire et le glossaire à utiliser et à éviter, ainsi que des études de cas et des recommandations pour surmonter les obstacles, veuillez vous référer à ces manuels..

À faire et à ne pas faire:

  • Rendre des toilettes non genrées en supprimant les panneaux "Hommes" et "Femmes" des toilettes, ou en les remplaçant par un panneau "Toilettes tous genres".
  • Publier des affiches, des dépliants et d'autres documents 2ELGBTQIA+ inclusifs pour faire savoir à tous qu'ils sont les bienvenus.
  • Utiliser des formulaires cliniques inclusifs (par exemple, des formulaires d'admission) qui tiennent compte de toutes les orientations sexuelles et identités de genre. Déterminer si les questions posées sont nécessaires à des fins cliniques ou si elles sont posées par curiosité.
  • Demander quels pronoms les personnes préfèrent et utiliser-les de manière cohérente tout au long de leurs soins.
  • Interroger les personnes et observez les mots qu'ils utilisent pour parler de leurs parties du corps et utiliser leur langage.
  • Respecter le droit des personnes trans de fournir de l’information sur les problèmes ou besoins de la communauté trans ou de parler au nom de la communauté trans.
  • Chercher à éliminer les barrières pour les personnes 2ELGBTQIA+.
  • N'utiliser PAS d'étiquettes et de termes dérivés d'anciennes versions du DSM et de la CIM, tels que transsexuel, transsexualité et trouble de l'identité de genre.
  • N'utiliser PAS de termes et expressions péjoratives même si la personne le fait.

Gender-inclusive language:

Dire Au lieu de
Personne (personne en chemise rose, personne enceinte) Homme, femme, fille, garçon, dames, messieurs, monsieur, madame (femmes enceintes, gars en chemise rose)
La parentalité Maternité, paternité
Femme assignée, homme assigné Femelle biologique, mâle biologique
Cisgenre Non trans, normal, ou vrai
Allaitement Allaitement maternel
Hommes transgenres, femmes transgenres Un transexuel
Préservatif externe, préservatif interne Préservatif masculin, préservatif féminin
Sexe réceptif, sexe insertif Sexe vaginal
Saignements mensuels Période, règles, menstruations
Dépistage de santé sexuelle, examen interne, dépistage cervical Examen pelvien, examen de la femme, examen gynécologique
Organes reproducteurs internes Organes reproducteurs féminins
Gonades internes Ovaires
Gonades externes Testules, testicules
Organes génitaux internes, organes génitaux Vagin, vulve
Organes génitaux externes, tissu érectile, organes génitaux Pénis

Personnes autochtones

Voici des suggestions pour aider les professionnels de la santé non autochtones à créer un environnement inclusif pour les personnes autochtones. Ces suggestions ne sont pas exhaustives et il est recommandé aux professionnels de la santé d’envisager d'autres manuels et opportunités de formation aux compétences culturelles pour fournir des soins inclusifs.

Divers facteurs et réalités peuvent affecter la façon dont les peuples autochtones accèdent aux services de santé, notamment les obstacles liés à l'accès géographique, l'indisponibilité de services linguistiques et de traduction, le manque de soins de santé culturellement sécuritaires ou les expériences passées de racisme, de stigmatisation, de honte, de peur ou de discrimination. Gardez à l'esprit qu'être autochtone n'est pas en soi un facteur de risque ; ce qui met réellement les gens en danger, ce sont des problèmes systémiques comme le racisme, le colonialisme, les traumatismes intergénérationnels et le manque d'accès à des soins, des traitements et des soutiens culturellement sécuritaires.

Ces recommandations sont tirées de la Trousse d’outils pour les allié-es aux luttes autochtones du Réseau stratégique urbain de la communauté autochtone de Montréal et du Guide pour les professionnels de la santé qui travaillent avec des client(e)s provenant de différentes communautés d’Action Canada pour la santé et les droits sexuels.

Conseils rapides pour les cliniciens:

  • Proposer des services de traduction et, si possible, des ressources traduites.
  • Établir des liens et revendiquer pour l’accès à des membres de la communauté autochtone de votre région qui peuvent agir en tant que navigateurs dans le système de santé.
  • Lorsqu’on entend parler d'expériences difficiles ou violentes de la part des personnes, affirmer leurs expériences et leur vécu. Éviter de les stigmatiser pour leurs sentiments ou la façon dont ils gèrent leurs émotions.
  • Créer et maintenir une liste des ressources disponibles et de soutien culturel dans votre région, y compris les services sociaux.
  • Les soutenir dans la création de leur propre plan de traitement, y compris l'intégration de ressources culturellement sécurisantes et méthodes de guérison traditionnelles.
  • Éviter de dire "Les peuples autochtones du Canada" ou "Nos peuples autochtones." – Les peuples autochtones n’appartiennent pas au Canada ni à aucun individu.
  • Éviter de dire "La culture autochtone." – Cette phrase ne reconnaît pas qu'il existe des centaines de communautés, nations, langues et cultures autochtones au Canada. Au lieu du singulier, essayer d'utiliser des formes plurielles comme "Les cultures autochtones" ou mieux encore, être précis sur la nation pour éviter la pan-indigénisation.