Counseling pré-avortement

Le counseling est important pour s'assurer que les personnes comprennent leurs options, les risques et les avantages de chacune, et pour prendre des décisions éclairées. Le counseling aide également les prescripteurs à comprendre les préférences et les circonstances des personnes afin de recommander la meilleure démarche à suivre.

Les points clés du counseling comprennent[4,6]:

  • Examiner les options de grossesse lorsque cela est indiqué: avortement, devenir parent ou confier l’enfant en adoption.
  • Adapter le counseling aux besoins de la personne (par exemple contrer la stigmatisation de l'avortement et/ou fournir un soutien émotionnel).
  • Communiquer les risques liés à la progression de la grossesse sans exercer de pression temporelle à la personne.
  • Utilisez un langage sans jugement et inclusif.

(Si le choix est l’avortement:)

  • Examiner les options d'avortement, y compris les risques, l'efficacité, le processus et la durée du traitement par médicaments par rapport à l'avortement par instruments.
  • Discuter de l'éligibilité de la personne à l'avortement par médicaments, y compris l’âge gestationnel et les antécédents médicaux.
  • Discuter de l'accès de la personne aux pharmacies, au téléphone, aux transports, aux soins d'urgence, ainsi qu'aux installations de laboratoires et d'imagerie si nécessaire.
  • Discuter des préférences et des circonstances de la personne, comme par exemple un endroit sécuritaire à leur domicile pour réaliser l’avortement par médicaments.
  • Confirmer que la décision appartient à la personne, prise librement.
  • Confirmer que la personne comprend que l'avortement par médicaments est irréversible et qu'elle devra prendre une dose supplémentaire du deuxième médicament ou procéder à un avortement par instruments en cas d’échec (poursuite de la grossesse).
  • Revoir le calendrier des examens (échographie, prises de sang, si nécessaire), des médicaments et des rendez-vous de suivi.
  • Discuter des options de contraception post-avortement.

Options d’avortement

L’avortement par médicaments convient aux personnes qui[6]:

  • Préfèrent une méthode non-invasive.
  • Préfèrent être dans le confort de leur foyer.
  • Ont la confiance de pouvoir gérer le processus et les effets secondaires à la maison.
  • Sont en mesure de prendre 1 à 3 jours de congé ou d'autres responsabilités pour procéder à l'avortement.
  • Manquent de transport pour se rendre à la clinique pour un avortement par instruments (mais ont néanmoins accès aux services d'urgence en cas de complications).

L’avortement par instruments convient aux personnes qui[6]:

  • Préfèrent bénéficier du soutien en personne ainsi qu’une surveillance par des professionnels de la santé en clinique ou à l’hôpital.
  • Souhaitent que l'avortement soit fourni rapidement afin de pouvoir reprendre le travail ou d'autres responsabilités.
  • Se sentent à l'aise avec l’examen gynécologique et l'utilisation d’instruments médicaux.
  • Sont confortables avec une anesthésie locale ou générale pour gérer la douleur.
  • Ne veulent pas divulguer la grossesse et l’avortement aux personnes avec qui elles vivent (comme les partenaires, les colocataires, les collègues de travail), car il pourrait être difficile de cacher des saignements abondants et des crampes fortes.

Consentement éclairé

Une fois que la personne et le professionnel de la santé ont déterminé que l’avortement par médicaments (AM) est la bonne option, le professionnel de la santé devrait[2,6,7,10]:

  1. Obtenir un consentement éclairé écrit ou verbal (voir exemples sur la plateforme CAPS-CPCA et le Bay Center for Birth Control) et le documenter dans le dossier de la personne.
  2. Prescrire:
    • Mifépristone 200 mg (MIFÉ) par voie orale et misoprostol 800 mcg (MISO) par voie buccale ou vaginale (cette combinaison est commercialisée et marquée sous le nom de Mifé-Miso).
    • Dose supplémentaire de MISO par voie buccale ou vaginale en cas d'avortement incomplet.
    • Analgésiques et antiémétiques selon le protocole du professionnel de la santé ou de l’établissement.
    • Antibioprophylaxie, si nécessaire, selon le protocole du professionnel de la santé ou de l’établissement.
  3. Fournir des instructions sur la façon de prendre le médicament.
  4. S'assurer que les personnes savent comment gérer les effets secondaires ainsi que quand et où consulter en cas de complications.
  5. Envisager d'informer les personnes si la procédure d'AM implique des pratiques hors normes mais fondées sur des preuves.
    • Une grande partie des pratiques hors normes d’AM sont basées sur une faible quantité de ressources et nécessite un équilibre entre l’expérience des professionnels de la santé et la sécurité et les besoins des personnes qui ont recours à un avortement.
    • Il est recommandé d'informer les personnes des pratiques hors normes afin de comprendre les risques associés et savoir que ces pratiques hors normes peuvent varier en fonction de l'expérience et du niveau de confort des prescripteurs.
  6. Discuter des options de contraception après un avortement. Souligner le fait que les personnes peuvent rapidement retrouver leur fertilité après un avortement.
  7. Planifier des rendez-vous de suivi, soit en personne, soit par téléphone/vidéo. Discuter d’un plan de sécurité ou de confidentialité si nécessaire.
  8. Fournir aux personnes des manuels d’instructions (voir des exemples: SHORE center et Planned Parenthood Ottawa) ainsi que les coordonnées des professionnels de santé et des services de santé d’urgence.
  9. Prendre note des numéros de téléphone et des contacts d’urgence fournis en lien avec l’AM par la personne au cas où les professionnels de la santé ne seraient pas en mesure de la joindre directement. Se rappeler que les contacts d'urgence fournis par les personnes lors de leurs visites d'AM peuvent être différents des contacts d'urgence figurant dans le dossier. Veiller à ne contacter aucune autre personne sans son consentement explicite en lien avec l’AM.

Instructions d’administration

Doses manquées

La MIFÉ et le MISO sont tous deux tératogènes et ont été associés à des anomalies fœtales. Une fois le traitement MIFÉ / MISO débuté, il existe un risque d'embryotoxicité si la grossesse n'est pas interrompue[10].

Si le MISO est oublié et que > 48 heures se sont écoulées depuis la MIFÉ: prendre immédiatement le MISO et informer le professionnel de la santé lors du suivi[10].

Administration buccale de MISO[10]

  • Si des vomissements surviennent < 1 heure après la prise de MIFÉ ou lors de l'absorption buccale du MISO: Contacter un professionnel de la santé / pharmacien pour une évaluation.
  • Si des vomissements surviennent > 30 minutes après l’ingestion de fragments de MISO: Aucune action n'est requise.

Insertion vaginale de MISO[10]

  • Si les comprimés tombent avant le début des saignements: Réinsérer le comprimé ou contacter un professionnel de la santé, s’il est impossible de le réinsérer.
  • Si les comprimés sortent lors des saignements: Aucune action n'est nécessaire ; dans la plupart des cas, une portion suffisante du médicament aura été absorbée.

Dans tous les cas, si les saignements ne démarrent pas au bout de quelques heures, contacter un professionnel de la santé.

Gestion des effets secondaires