L'avortement est légal au Canada et les personnes n'ont pas besoin du consentement de leur partenaire ou d’un parent pour avorter. Il s'agit du deuxième service de santé reproductive le plus répandu au Canada: le tiers des personnes ayant la capacité d’être enceinte auront recours à un avortement au cours de leur vie.[2,14,15,18].
L'avortement par médicaments utilise des pilules médicamenteuses pour mettre fin à une grossesse. Au Canada, les pilules abortives médicamenteuses sont combinées et vendues sous le nom de Mifegymiso. Le médicament est approuvé par Santé Canada jusqu'à 63 jours d’âge gestationnel, mais s'est avéré sécuritaire et efficace jusqu'à 70 jours par La SOGC du Canada et 77 jours par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le counselling et les médicaments sont fournis gratuitement à toutes les personnes bénéficiant d'une assurance maladie provinciale et de plusieurs catégories d'assurance maladie fédérale. Cependant, il est important de noter que les personnes admissibles aux soins de santé dans une province, qui tentent d'accéder à un avortement par médicaments dans une autre province ou territoire, sont admissibles au counseling, mais pas aux médicaments eux-mêmes.
Mifegymiso se présente généralement en deux boîtes: une boîte verte contenant 200 mg de mifépristone (MIFÉ) et une boîte orange contenant 800 mcg de misoprostol (MISO). Le MISO est utilisé pour l'avortement et pour d'autres conditions (par exemple, fausse couche, hémorragie post-partum). La MIFÉ aide à arrêter la croissance d’une grossesse et prépare le corps à vider l’utérus en ramollissant le col et en aidant la muqueuse de l’utérus à se décomposer. Le MISO provoque la dilatation du col et la contraction de l'utérus, provoquant ainsi la sortie des tissus issus de la grossesse du corps[14].
Indications: Le MIFÉ / MISO is indicated by Health Canada for pregnancy termination up to 63 days as counted from the first day of the last menstrual period (LMP) in a presumed 28-day cycle. SOGC indicates safe use up to 70 days LMP. There is no absolute lower gestational age limit[5].
MIFE / MISO est indiqué par Santé Canada pour l'interruption de grossesse jusqu'à 63 jours à compter de la date de début des dernières menstruations (DDM) dans un cycle présumé de 28 jours. La SOGC indique une utilisation sécuritaire jusqu'à 70 jours des DDM. Il n'y a pas de limite inférieure absolue d’âge gestationnel[5].
Le MISO oral est excrété dans le lait maternel en petites quantités qui sont rapidement éliminées. Aucune interruption de l'allaitement n'est nécessaire lorsque le MISO est administré par quelque voie que ce soit.
La Société des Obstétriciens et Gynécologues du Canada et la National Abortion Federation (NAF) approuvent toutes deux l'avortement par médicaments (AM) avec MIFÉ / MISO jusqu'à 70 jours après la LMP. Elles recommandent également une deuxième dose de MISO 800mcg quatre heures après la première dose de MISO 800mcg pour augmenter l'efficacité de l'AM.[5,13].
La Société des Obstétriciens et Gynécologues du Canada recommande également un régime MIFÉ / MISO à partir de 70 à 84 jours d'âge gestationnel, avec 200 mg de mifépristone suivi dans 24 à 48 heures de deux doses de 800 mcg de MISO (buccale ou vaginale), à 4 heures d'intervalle.
L'efficacité diminue à mesure que l'âge gestationnel approche 70 jours. Les prescripteurs doivent informer les personnes qu'il s'agit d'une utilisation non conforme, qu'il existe une possibilité d'expulsion et d’observation un fœtus intact et qu'il existe des taux plus élevés de saignements et d'avortement incomplet ou échoué.
Les données sont insuffisantes pour établir l'efficacité et la sécurité chez les personnes de moins de 15 ans. Cependant, chez les personnes âgées de 15 à 18 ans, la sécurité et l'efficacité ont été démontrées avec des vomissements et des douleurs étant rapportés plus fréquemment que chez les adultes[11]. Ainsi, les considérations particulières pour les personnes de cette tranche d’âge peuvent inclure du counseling pour les préparer aux vomissements et à la douleur, ainsi qu’un soutien psychosocial tout au long du processus d’avortement par médicaments.
Au moment d’écrire ces lignes, les médecins et les infirmières praticiennes spécialisées au Canada sont autorisés à prescrire Mifegymiso. Les sages-femmes de toutes les provinces et territoires, à l'exception du Québec, ne sont pas autorisées à prescrire Mifegymiso, mais elles peuvent prodiguer des soins d'avortement par médicaments lorsqu'elles travaillent en étroite collaboration avec des infirmières praticiennes spécialisées ou des médecins.
Les prestataires d’avortement par médicaments peuvent être trouvés via:
Le counseling et l’évaluation clinique sont nécessaires avant de prescrire Mifegymiso. Le counseling vise à aider les personnes à prendre une décision éclairée en comprenant leurs options (avortement versus poursuivre la grossesse, et avortement par médicaments versus avortement par instruments). Les évaluations cliniques visent à confirmer que l'âge gestationnel ne dépasse pas le seuil (63 jours selon Santé Canada, 70 jours selon la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada), pour exclure des conditions graves telles que la grossesse ectopique et l'anémie, et pour déterminer la nécessité d'analyses sanguines telles que le test du facteur Rh[6].
Dans les cas de soins virtuels ou hybride d'avortement par médicaments (également appelé avortement sans contact ou à faible contact), le nombre de visites est minimisé en effectuant des rendez-vous de counseling, de dépistage et de suivi virtuellement par téléphone ou par vidéo. L’objectif est de réduire la nécessité de parcourir de longues distances ou des délais pour avorter. Cependant, les soins virtuels de l'avortement par médicaments peuvent mettre les personnes à risque en l’absence d’échographie, qui permet une évaluation précise de l'âge gestationnel ou de la présence d'une grossesse ectopique. De plus, l'avortement par médicaments virtuel peut nécessiter un suivi (téléphonique) plus fréquent pour surveiller les symptômes et le risque de grossesse évolutive et de grossesse ectopique, nécessitant ainsi souvent davantage de ressources cliniques. Pour ces raisons, la possibilité de proposer un avortement par médicaments via télémédecine dépend de l’expérience des prescripteurs, des ressources cliniques, des besoins des personnes et de leur sécurité[7].
Dans la plupart des cas, les pharmaciens sont responsables de la délivrance des médicaments aux personnes, mais certaines cliniques sont également autorisées à délivrer les médicaments directement. Les lignes directrices des Ordres professionnels des pharmaciens de chaque province ou territoire peuvent varier quant à savoir si les personnes doivent récupérer leurs médicaments en personne ou si les médicaments peuvent être livrés aux personnes par des services postaux.